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Patch'ssionnément
12 juillet 2011

Billet sérieux ! (réédité cause erreur de calcul !)

Une fois n'est pas coutume, je vais faire un billet "règlement de comptes"... ou plutôt mise au point tant il est vrai que les propos de certains journalistes m'agacent ces derniers temps...

Ca faisait longtemps que nous n'avions pas vu ça dans les champs après la moisson, "ça" étant les bottes de paille... 

IMG_7864

et même, pour tout vous dire, nous n'avions jamais vu ça parce que Gaston et Joli-Pôpa n'avaient pas de presse pour faire ces grosses bottes mais seulement une qui en faisait de petites. En voyant celles-ci, énormes, dans ce champ et en regardant les tracteurs les saisir pour les mettre en tas, Gaston repensait aux années passées et à la quantité de bottes de foin et de paille qu'il s'était coltinées à bout de fourche et croyez-moi, il était content que ce temps-là soit révolu !

Mais néanmons, il y avait très longtemps que nous n'avions plus vu de botte de paille dans nos champs moissonnés ; en effet, comme la plupart de ses collègues céréaliers, Gaston broie la paille pour l'enfouir en terre ce qui apporte un engrais naturel dans le sol et permet de diminuer les apports extérieurs en engrais chimiques, de quoi réjouir les écologistes de tout crin.

Comme je le précisais en titre, cet article est placé sous le signe du sérieux et ne sera pas seulement anecdotique pour la photo et le rappel du passé qui s'y attache...

Non je veux pour cette fois, parler en tant que femme d'agriculteur et dire "ma" vérité qui n'est pas celle des journaleux qui répètent à l'envi ces derniers temps que le prix de la paille augmente de façon exponentielle parce que les céréaliers font "monter les prix"...

Si une catégorie de personnes en  fait monter les prix, ce ne sont point les céréaliers mais les spéculateurs qui depuis quelques années déjà ont découvert que la terre et ses produits, celle-là même qui était galvaudée au travers de ses paysans il n'y a pas si longtemps, était une manne sur laquelle on pouvait "jouer" et surtout gagner beaucoup d'argent.

Ici, en touraine, comme partout en France, l'immense majorité des céréaliers n'ont pas broyé leur paille comme les autres années, conscients qu'ils sont de cette année si difficile pour leurs collègues éleveurs ; ils l'ont précieusement laissée dans les champs, l'ont pressée et  beaucoup d'entre eux l'ont cédé en échange de fumier aux éleveurs du coin. C'est un "troc", un troc intelligent, un troc solidaire et Dieu merci, s'il y a un monde où la solidarité et l'entraide sont encore des valeurs qui ont cours c'est bien celui du monde agricole.

Alors les prix qui flambent, oui c'est vrai mais ce ne sont pas les céréaliers qui profitent des éleveurs, cela est une fausse vérité ; bien sûr, je ne me leurre pas et il y a, comme partout, des individus au sein de notre corporation (une très petite minorité) qui profiteront de l'occasion mais cela se saura et cela ne s'oubliera pas... les paysans ont le sens de la solidatrité et de la mémoire !

Non ce qui fait monter les cours de la paille actuellement ce sont les spéculateurs et ce ne sont pas des agriculteurs, loin s'en faut.

D'une manière générale, l'argent brassé en bourse à travers les céréales et autres productions agricoles et agro-alimentaires ne va pas dans les poches des agriculteurs... La majeure partie s'en va enrichir des personnes qui n'ont souvent aucune idée de ce qu'est le travail de la terre. Quand on entend aux infos, que le quintal LA TONNE* de blé a atteint la somme de 200 euros, ça ne veut pas dire que tous les producteurs de blé ont vendu leur production à ce prix. (* merci à Lutin qui a rectifié mon erreur... décidément, mes trois neurones sont toujours en forme...)

Loin de moi l'idée de me plaindre, ce n'est absolument pas mon genre et encore moins celui de Gaston mais je voudrais juste que les non-agricoles puissent comprendre comment ça fonctionne :

Je vais prendre un exemple plus parlant pour tous : imaginez que votre salaire est de 1000 euros (oui, vous êtes mal payé !) et que cela corresponde à 100 points : 1 point vaut 10 euros. Or les points de votre salaire sont côtés en bourse et selon la spéculation, un point va valoir 10 euros... ou plus sourire... ou moins smiley triste !

Selon le jour où vous déciderez de vendre vos points, vous gagnerez plus ou moins que votre salaire "normal". Si vous vendez le 15 du mois alors que le point vaut 13 euros, vous aurez un salaire de 1300 euros au lieu de 1000, c'est chouette. Imaginons que le 10 du mois, le point descende de 13 euros à 12 puis à 11 puis à 10 puis 9..., vous paniquez un peu et vous vous dites... "zut, si ça continue à descendre, je vais toucher moins que les dépenses que j'ai à payer..." alors vous vendez pour être sûr d'avoir "au moins" 900 euros ! Si ça continue à chuter, vous avez eu raison et vous pouvez vous féliciter ! Si le point recommence à grimper et monte jusqu'à 14 euros, alors vous vous direz que vous avez été le roi des crétins, que vous auriez du attendre et que vous avez perdu 500 euros !

Pour l'agriculteur-céréalier (et d'autres aussi), c'est son quotidien au moment de vendre sa production : a-t-il vendu trop tôt ? trop tard ? Faut-il attendre que les cours continuent de monter au risque de les voir s'effondrer (et ça va parfois très vite, d'un jour à l'autre) ? Faut-il vendre pour assurer et "perdre" l'éventuelle différence à la hausse ? Les sommes représentées sont énormes : par exemple, le rendement moyen en blé en 2004 dans la région centre était de 74 quintaux à l'hectare... sur 30 hectares, ça fait 2220 quintaux, soit 222 tonnes que vous pouvez vendre à 200 euros l'unité... ou 210 si vous êtes chanceux, ou 190 si vous ne l'êtes pas...

Ca n'a l'air de rien énoncé comme ça mais si vous faites le calcul, votre blé vendu à 200 euros vous rapportera 44 400 euros, vendu à 210 : 46 620 soit un bonus de 2 220 euros mais vendu à 190 vous percevrez 42 180 euros soit une "perte" de 2 220 euros.

Attention : je ne parle pas là d'un bénéfice mais d'un prix de vente auquel il faut retrancher les coûts de production et il faut penser aussi qu'un producteur de céréales fait son chiffre d'affaires de l'année pendant les trois mois d'été... Il n'aura aucun autre revenu jusqu'aux moissons de l'année d'après.

Voilà, c'est très schématique, c'est très loin de la complexité réelle de ce qu'est la bourse mais c'est en gros ainsi que les agriculteurs céréaliers doivent gérer leur production... décider de vendre ou pas selon les cours du marché sans savoir de quoi celui-ci sera fait dans dix jours, dans un mois... et en sachant que le marché peut descendre ou grimper sans qu'on comprenne bien pourquoi !

 J'imagine sans peine le tollé que susciterait la décision de laisser chaque salarié gérer son salaire  selon le dictat des marchés boursiers qu'il soit du privé ou du public quelque soit la catégorie socio-professionnelle à laquelle il appartient ... 

Voilà, ne voyez dans ce billet d'humeur aucune intention particulière si ce n'est d'expliquer comment ça se passe "pour de vrai" encore que je ne sois pas une référence en la matière et que mon propos soit plus schématique qu'autre chose.

Ne vous inquiétez pas, Jean-Claude VANDAMME va sortir du corps de Pretty et celle-ci reviendra vous raconter ses petites histoires de rien, de tout, de rien du tout...

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Commentaires
N
Et je partage votre "colère". J'en ai tellement marre d'entendre les argiculteurs en général se faire taper dessus parce qu'ils seraient responsables de tous les malheurs du monde. On oublie un peu trop vite que même s'ils s'est beaucoup amélioré, celà reste un travail difficile et surtout très prenant. Je ne connais pas beaucoup de citadins qui seraient prêts à s'investir autant dans leur job, pour un revenu aussi bas.
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L
Salut Tata,<br /> <br /> Tu as bien raison de vouloir dire la vérité! Y en a marre de ces gens qui racontent n'importe quoi et qui font croire toutes sortes de choses!<br /> <br /> Continue comme ça et gros bisous ♥<br /> <br /> LittleWoman
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M
Je ne peux qu'être d'accord avec vous toutes.<br /> De toutes façons, de quoi qu'on parle, il n'y en a plus que pour les spéculateurs, qui s'engraissent sur le dos de tous ceux qui travaillent... et c'est vrai qu'on est tous plutôt "mal barrés".
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P
Tu as bien raison de pousser un "coup de gueule" mais il faudrait que plus de gens t'entendent. C'est vrai que les non-initiés ne comprennent pas ce qui se passe réellement et les idées reçues circulent vite. Mais les spéculateurs ne sont pas uniquement dans le monde agricole, en ce moment c'est effarant ce qu'on entend sur la dette des pays européens, Grêce, Portugal, Espagne, maintenant Italie...à quand la France ? cela me fout "les boules" si je peux m'exprimer ainsi. Dans quel monde on vit ?
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H
meuh non pretty, jean claude vandamme ne connait pas autant de mots!!<br /> <br /> je pourrais en tant qu'agricultrice (éléveur laitier pour le coup) rajouter quelques lignes aussi, mais moi ça me fait trop mal, je ne peux plus. <br /> mais ce qu'il est vrai que s'il n'y avait que les agriculteurs sans les profiteurs ça irait déjà pas mal mieux.<br /> n'empêche que la vente direct n'est pas tellement plus lucrative non plus...........<br /> <br /> allez c'est promis; j'arrête!
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